Spotlight On : REYN

Dans le cadre de la rubrique « Spotlight On », nous interviewons périodiquement un membre de l’Atelier Néerlandais. Cette fois-ci, nous parlons avec Reyn Ouwehand, plus connu sous le nom de REYN. Ce musicien touche-à-tout a récemment donné le tout premier concert dans notre nouvelle salle de l’avenue Victoria. Nous lui demandons pourquoi il est venu à Paris et à quoi ressemble une semaine dans la vie de ce pianiste, compositeur, producteur et ingénieur du son. 

Enchantée, REYN. Nous sommes maintenant dans les nouveaux locaux de l’AN où nous avons emménagé il n’y a pas longtemps, mais vous avez déjà rendu possible une primeur ici ! Il y a quinze jours, vous avez donné le tout premier concert live ici, dans le nouvel emplacement de l’AN. Quel regard portez-vous sur cette prestation ? 

Eh bien, c’était magnifique, du point de vue du cadre et de l’acoustique. Je me souviens qu’à l’endroit précédent, il y avait beaucoup d’ondes sonores stationnaires et que la communication était assez difficile en termes d’acoustique. Ici, le son est excellent ! Le programme s’intégrait bien dans l’espace parce qu’il s’agissait de musique de chambre, ce qui était également agréable pour les voisins puisque l’ensemble n’était composé que d’un violoncelle et d’un piano. Le cadre était également merveilleux car nous avons été autorisés à utiliser l’œuvre de Stijn Elshuis comme toile de fond, ce qui s’est également avéré bénéfique pour l’acoustique. En résumé, une belle soirée.

Très bien. Reyn, vous êtes compositeur, producteur, ingénieur du son en plus d’être pianiste… À quoi ressemble une semaine de travail typique pour vous ? 

Aujourd’hui, c’est très différent, depuis que je vis à Paris. Avant, aux Pays-Bas, je passais la plupart de mon temps à produire des disques dans une église où j’avais construit mon studio. Depuis 20 ans, je travaille de plus en plus en France et aujourd’hui, je suis beaucoup plus impliqué dans mon propre travail et j’essaie d’en faire une priorité. Je me sens chez moi à Paris et tout mon travail s’y est déplacé.

Comment expliquez-vous que vous vous sentiez si bien à Paris ? 

L’énergie de la ville, les gens et même le style haussmannien font que je me sens chez moi ici. Les gens sont cultivés et l’histoire de la musique est encore palpable ici. J’aime Ravel, Debussy et Stravinsky… Cette semaine, j’ai prévu d’aller voir la tombe d’Erik Satie, et la semaine dernière, j’ai visité la maison natale de Debussy. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’aime le fait que toute cette histoire soit là et que je me sente partie prenante en tant que musicien. J’ai également développé un réseau de musiciens qui m’inspirent et me stimulent. Je réussis également très bien à me concentrer dans mon petit appartement ici. C’est comme si j’avais moins de distractions ici, ce qui peut paraître étrange. Ma vie semble plus simple ici qu’aux Pays-Bas, où je dirige une église qui a besoin d’être entretenue, etc.

Je peux comprendre cela. Revenons un peu en arrière. Comment avez-vous commencé à faire de la musique aux Pays-Bas ? 

Je faisais de la musique pour des jeux informatiques, notamment pour le Commodore 64 (ordinateur, ndlr). Ma musique était très bien accueillie et des personnes en dehors des Pays-Bas m’ont même demandé si je voulais faire de la musique pour leurs jeux. Je n’avais que 16 ans lorsque je partais déjà à Londres pour un projet de travail. À cette époque, ma mère a vu dans le journal une annonce pour le Conservatoire de Rotterdam, où j’ai commencé à étudier au lycée de musique et de danse. J’ai ensuite intégré le conservatoire. 

À Rotterdam, je commençais par enregistrer des disques pour moi, pour lesquels je demandais à des musiciens de studio de jouer avec moi, puis ces musiciens ont commencé à me demander de produire leurs disques. C’est alors que tout s’est mis à fonctionner tout seul, mais ne vous y trompez pas, c’était un dur travail. Dans la musique, rien n’est gratuit et il faut y consacrer beaucoup d’heures.

Comment vous êtes-vous retrouvé à Paris ? 

Grâce à ma collaboration avec le studio bruxellois ICP, avec lequel j’ai beaucoup travaillé (pour la musique d’Ellen ten Damme et de Kane, entre autres), j’ai été présenté à des artistes français comme Benjamin Biolay. J’ai commencé à travailler avec de nombreux artistes connus en France mais dont nous n’avions jamais entendu parler aux Pays-Bas, et mon travail s’est progressivement déplacé vers la France. Au début, je louais des Airbnb, puis après un certain temps, j’ai décidé de louer un appartement à Paris. 

L’amour de Paris était présent dès le début, mais c’est mon travail qui m’a progressivement amené ici. Le fait que le premier concert que j’ai donné ici était à La Cigale (salle de concert, ndlr) a peut-être aussi contribué au sentiment romantique que je ressens à l’égard de Paris. L’année dernière, j’ai joué à l’Opéra Comique, où le « Pelléas et Mélisande » de Debussy a été créé, et même ici, en face de l’endroit où nous nous trouvons actuellement, au Théâtre du Châtelet, de nombreuses œuvres légendaires ont été créées. Je trouve cela très beau. 

Et comment avez-vous entendu parler de l’AN ?

Marcel Albers, de Dutch Music Export (membre de l’AN), a organisé un événement à l’AN et c’est ainsi que j’ai fait votre connaissance. C’était un événement inspirant où des acteurs néerlandais et français de l’industrie musicale se sont rencontrés et ont prêté attention aux différences culturelles, par exemple dans les conversations entre les Français et les Néerlandais. Après l’événement, je suis passé vous voir et je suis devenu membre, parce que cela mintérêssait, sans aucune attente. C’est extraordinaire que j’ai déjà eu l’occasion d’utiliser votre bel espace pour un concert.

Merci pour votre temps Reyn, nous espérons vous revoir bientôt sur l’AN.