Lilian Widdershoven est depuis le 4 janvier la coordinatrice de l’Atelier Néerlandais. Un drôle de moment pour démarrer dans une nouvelle fonction, en pleine pandémie COVID19, l’atelier pour l’heure restant silencieux derrière une porte fermée. Mais il en faudrait plus pour déconcerter Lilian. ‘Je suis une optimiste dans l’âme et me réjouis énormément de donner forme à ce poste.’ Une première rencontre.
Qu’est-ce qui t’a motivée à candidater quand tu as vu passer l’annonce de l’Atelier Néerlandais?
Je n’étais pas particulièrement à l’affût d’un nouvel environnement professionnel, mais l’idée de chercher un nouveau défi m’avait déjà traversé l’esprit. En découvrant l’annonce de l’Atelier Néerlandais, je ressentais comme une reconnaissance. L’art et l’entrepreneuriat, conception et promotion, les Pays-Bas et la France. Chose curieuse : d’autres ont vu la même chose pour moi. Deux amis m’ont transmis l’annonce, l’un à l’insu de l’autre, en commentant qu’à la lecture ils avaient tout de suite pensé à moi. Je m’enthousiasme à l’idée de me familiariser avec l’Atelier Néerlandais et de m’investir dans l’accompagnement de ses membres.
Ton CV te présente comme historienne de l’art avec une âme d’entrepreneuse. Tu nous en dis plus ?
Depuis toute petite je me voyais partir dans cette direction ; étudier l’histoire de l’art était donc une évidence. Enfant, mes parents m’emmenaient régulièrement au musée ou à des salons d’art, ce sont eux qui m’ont transmis l’amour de l’art. L’aspect économique me fascinait déjà à cette même époque : incroyable qu’un tableau porte une étiquette chiffrée et qu’il soit tout simplement possible d’acheter quelque chose d’aussi beau. Qui détermine ce prix et pourquoi les gens sont prêts à le payer ? Tellement fascinant. Après avoir travaillé d’abord chez un marchand d’art, j’ai découvert la vie d’entreprise dans une compagnie d’assurances française, mais l’art et la culture m’ont toujours accompagnée.
Depuis 2000 tu habites Paris. Par quel cheminement es-tu arrivée ici ?
Je travaillais pour un marchand d’art dans la Spiegelstraat à Amsterdam. Un jour, un autre marchand qui avait poussé la porte de la boutique m’a invitée à le suivre dans sa galerie de la rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris. J’ai sauté le pas et suis restée à Paris depuis, avec quelques periodes à Buenos Aires et à Barcelone. Mais même à ces moments-là j’ai gardé mes attaches avec Paris que je considérais comme mon point de chute. Je n’ai de cesse d’aimer cette ville, même maintenant pendant la pandémie. En sortant de chez moi, en regardant autour de moi, j’apprécie la beauté et la prestance de Paris.
Connaissais-tu déjà l’Atelier Néerlandais ?
Oui, j’y étais déjà passée plusieurs fois. Je me souviens d’une exposition ou encore une soirée littéraire. C’est un endroit merveilleux, avec de beaux espaces inondés de lumière et une ambiance chaleureuse et décontractée. Son emplacement, en tant que voisin de l’Assemblée nationale et à quelques pas du Musée d’Orsay et le Grand Palais, est vraiment unique. Sa situation joue beaucoup pour les Parisiens. Les Français sont sensibles au prestige d’un quartier, d’un code postal. Cela est bien plus important ici qu’aux Pays-Bas. C’est extraordinaire de pouvoir rapprocher, depuis cet endroit dans la rue de Lille, le monde de la culture et de la création français et néerlandais.
Les douze dernières années tu as travaillé, en tant que cofondatrice, chez Caselli, une agence de design stratégique qui a été couronnée de prix à plusieurs reprises. Quelles expériences apportes-tu à l’Atelier Néerlandais ?
Tout d’abord, repartir à zéro ne me fait pas peur, ni de savoir le risque de se tromper mais sentir le besoin de continuer. Je suis de nature pragmatique et peux aider les membres de l’Atelier Néerlandais à nouer des contacts, comment s’y prendre à la française. Je suis curieuse du récit de chacun des créateurs et entrepreneurs culturels et de connaître leurs ambitions. J’aime à écouter, à questionner et à proposer mon soutien. En tant que coordinatrice de l’Atelier Néerlandais je veux contribuer au progrès et accroître les opportunités pour les créateurs et entrepreneurs culturels néerlandais en France.
Actuellement, crise oblige, l’Atelier Néerlandais ne peut accueillir de public. Comment vas-tu organiser ton travail dans les semaines à venir ?
Je commencerai par faire connaissance de mes collègues à l’ambassade des Pays-Bas et par discuter avec Joan Mols de l’Atelier Néerlandais, il est une véritable mine d’information et d’expérience. Par ailleurs, je contacterai rapidement nos membres et les instituts culturels d’autres pays à Paris. Il y a tant à faire, je ne me fais aucun souci de savoir comment m’occuper. Je ne m’y trompe pas, j’aurais préféré pouvoir démarrer au plein milieu d’un programme culturel flamboyant, mais je suis une optimiste dans l’âme. Nous finirons par sortir de ces temps moroses du coronavirus et alors, il ne faudra que peu de temps pour que l’Atelier Néerlandais retrouve l’éclat des rencontres entre amateurs, créateurs et entrepreneurs d’art. C’est formidable de pouvoir y contribuer. J’ai hâte !