Dans ses dessins, Marisa Rappard étudie intuitivement ce que signifie être humain dans notre monde actuel, fluide, où la technologie intervient dans les vies, où le contact est éphémère et où des quantités écrasantes d’informations circulent quotidiennement.
Rappard s’intéresse à la façon dont l’homme place son espoir dans la technologie et lui confère des caractéristiques presque religieuses ou transcendantes, alors que dans le même temps, cette technologie a clairement un revers alarmant: le sentiment d’aliénation lorsqu’on n’entre en contact avec l’autre qu’à travers un écran, les fausses nouvelles rendant de plus en plus difficile de distinguer ce qui est vrai.
Les figures humaines de ses dessins errent solitaires dans des structures abstraites compactes et des espaces labyrinthiques et anonymes. Les reflets et les ombres qui se répètent à l’infini, comme dans un palais des glaces, font qu’il est difficile de discerner quel est le véritable moi.
En réfléchissant à la façon dont les gens se rapportent au numérique, la méthode de travail de Rappard est explicitement analogue. Le numérique passe toujours par le biais d’un support technologique, alors qu’il n’y a rien de plus direct que l’acte de dessiner. En utilisant des lignes tracées à la main sur un support aussi fragile que le papier, elle rend tangible l’influence de la technologie sur le sens de l’identité humaine.
La taille souvent considérable de ses œuvres rend physiquement palpable la façon dont il peut sembler impossible d’appréhender la multitude de faits auxquels nous sommes confrontés quotidiennement. À cette fin, Rappard a également construit des dessins spatiaux, dans lesquels elle laisse l’abondance des lignes sortir du papier et entrer dans la pièce, ou place le dessin sur une construction, permettant au spectateur de faire défiler le dessin.
Les œuvres de Rappard font partie des collections du Centraal Museum, du NOG/Stedelijk Museum Schiedam, du Museum Boijmans van Beuningen, de l’UMC Utrecht et de nombreuses collections privées.