Spotlight On : Margaret Lansink

Dans le cadre de la rubrique « Spotlight On », nous interviewons périodiquement un membre de l’Atelier Néerlandais. Cette fois-ci, nous nous entretenons avec Margaret Lansink. Margaret est photographe et créatrice, mais elle préfère s’identifier au mot français de « artiste ». Ce mois-ci, c’est la troisième fois qu’elle expose à Paris. Nous l’interrogeons sur ses méthodes de travail et évoquons ses liens avec la culture française.

Hello Margaret, comment allez-vous ?

Ça va bien, merci ! 

Après avoir étudié votre travail pluridisciplinaire, je ne sais pas trop comment vous présenter. Vous peignez, vous photographiez, vous créez… Comment vous identifiez-vous ? 

En anglais, c’est toujours plus facile, je peux dire que je suis une « artist ». En néerlandais, on vous limite souvent à « photographe » ou « artiste », mais qu’est-ce que cela signifie ? Je dis toujours que mon travail commence par la photographie, après quoi je laisse tomber cette partie et j’ajoute ce dont l’œuvre a besoin. Pour moi, il s’agit de ce que je ressens ou de ce que je veux raconter avec une image.

Les gens me demandent parfois si, au début, lorsque je photographie quelque chose, je sais déjà à quoi ressemblera l’œuvre d’art finale. Je n’en ai aucune idée. Je photographie au feeling et le processus ne commence que lorsque je rentre chez moi et que j’ai développé les photos, que je les ai scannées et que j’ai regardé les négatifs. Là, je commence à faire des essais. Parfois, il est clair qu’une œuvre d’art a été créée à partir d’une photographie et d’autres fois, on ne voit plus du tout la photo, parce que je l’agrandis, la peins ou la traite d’une autre manière.

Je suis quelqu’un qui travaille au feeling et avec le cœur, et je vois où cela me mène, et la chance est que je peux le montrer et que les gens l’apprécient aussi.

C’est en effet une belle chose. Et en France, que dire du point de vue linguistique ?

En français on peut aussi dire « l’artiste », ce que je trouve plus facile qu’en néerlandais. Et je trouve que le mot « œuvre » est très beau. En France aussi, je me sens plus à l’aise pour me présenter. Aux Pays-Bas, je suis encore très sensible à l’idée d’être catalogué et au concept de « faut pas se vanter».

Intéressant, qu’est-ce qui vous a amené en France en premier lieu ?

Il y a 15 ans, j’ai commencé à collaborer avec la galeriste Caroline O’Breen à Amsterdam. Avec elle, j’ai organisé une « vente d’art en ligne » pendant la période de la Corona, au cours de laquelle les artistes proposaient des œuvres de petite taille (format A5). Ensuite, Camille, la directrice de la Galerie XII (à Paris, ndlr) a acheté une de mes œuvres et m’a mis en contact avec le conservateur de la galerie. Depuis, nous travaillons ensemble. 

Vous avez donc été repérée en ligne !

Oui, je dois beaucoup à Instagram. Beaucoup de publications et d’expositions… Je suis actuellement en pourparlers avec une galerie en Amérique, qui m’a également trouvée sur Instagram, tout comme une autre galerie en Allemagne.

Comment faites-vous pour qu’ils vous trouvent ?

En étant visible et en affichant une vision claire de votre profil. Il m’arrive très occasionnellement, mais rarement en fait, d’afficher quelque chose de privé, parce que les professionnels ne le souhaitent pas du tout. Je garde cela à part. D’un autre côté, mon travail est très personnel, dans mes œuvres, il se rapporte souvent à moi en tant que personne.

En ce moment, on peut aussi venir voir votre travail « en direct », à la Galerie XII à Paris (jusqu’au 21 juin 2025). Quel genre d’œuvres peut-on y voir ? 

Il s’agit d’une vaste exposition d’œuvres anciennes et récentes, de 2020 à aujourd’hui. Deux « épreuves d’artiste » y seront également exposées. Souvent, une édition d’œuvres d’art se compose de trois exemplaires et de deux « épreuves d’artiste ». Je n’ai jamais vendu mes épreuves d’artiste par le passé, mais l’une de mes séries s’est vendue si rapidement que je n’ai pas pu l’exposer pendant quatre ans. Je voulais quand même montrer ces œuvres, car les gens me posent toujours des questions à leur sujet. J’en ai donc accroché quelques-unes pour cette exposition, c’est avec ces œuvres-là que l’expo commence.

Trouvez-vous difficile de vous séparer de vos œuvres ? 

Oui, je le trouve difficile, mais en même temps j’aime ça. Les œuvres de cette collection particulière sont les pièces les plus personnelles que j’ai réalisées, celles qui m’ont le plus marqué en tant qu’être humain.

Maintenant que vous exposez ici, à la Galerie XII, cela vous donne-t-il envie d’aller plus loin ? Avez-vous envie d’exposer davantage en France ?

C’est la troisième fois que j’expose en solo à la Galerie XII. J’ai remarqué à Paris que les Français s’intéressent beaucoup à l’art, ce qui fait que c’est très enrichissant d’exposer mon travail ici. Lors du vernissage, les gens sont venus vers moi avec beaucoup de questions et d’intérêt et je me suis dit « c’est juste moi ». Les Néerlandais sont beaucoup plus enclins à dire « ah ouai, c’est bien ». C’est totalement différent ici. 

J’ai une exposition en France en juillet, à Troyes, sur la persécution des Juifs. Compte tenu de l’attitude des Français, je suis optimiste quant à mes futures expositions en France.

Vous avez déjà exposé à Paris, mais vous n’avez rejoint l’Atelier Néerlandais que récemment.Comment avez-vous découvert l’Atelier Néerlandais et pourquoi en êtes-vous devenue membre ?

Il y a quelques années, j’ai rencontré par hasard Lilian Widdershoven (directrice de l’Atelier Néerlandais, ndlr) dans le train entre les Pays-Bas et la France. Je crois que nous nous suivions déjà en ligne et dans le train, nous avons discuté. Entre Anvers et Paris, nous avons bavardé pendant tout le trajet. Ensuite, j’ai visité l’Atelier une fois, lors de l’exposition de NOOR (collectif de photographes, ndlr), et j’avais déjà travaillé avec l’ambassade des Pays-Bas en France. Lorsque j’ai entendu le nom de l’Atelier Néerlandais, j’ai fini par décider d’en devenir membre. 

Je pense que nous pouvons nous aider mutuellement. Pour moi, c’est bien que mon travail soit partagé sur votre plateforme, je pense que ce que vous faites est précieux pour la culture néerlandaise et vice versa, vous avez besoin de l’artiste. Je pense donc que c’est une situation gagnant-gagnant. 

C’est ce que je pense aussi ! Merci pour votre temps, Margaret.

L’exposition « Awake » de Margaret Lansink se tient jusqu’au 21 juin à la Galerie XII, dans le 4e arrondissement de Paris.