Pour la rubrique « Spotlight on », nous interviewons chaque mois un membre de l’Atelier Néerlandais. Ce mois-ci : Erna et Victor de Bie du Studio AENEAE. Nous leur avons parlé de la création d’AENEAE, de ce que signifie travailler avec un membre de sa famille et de leurs futurs projets.
Studio AENEAE est un studio de design fondé en 2020 par les frère et sœur Erna et Victor de Bie. Ils se concentrent sur la création de pièces d’intérieur et de meubles uniques et contemporains.
Bonjour Victor et Erna, et quel plaisir de vous revoir, Erna, après la réception du Nouvel An de l’AN, pour laquelle vous aviez spécialement voyagé de Groningue à Paris ! Comment avez-vous vécu votre séjour à l’Atelier Néerlandais ?
E : Pour moi, c’était la première fois. En tant que Studio AENEAE, nous avions déjà exposé à l’Atelier Néerlandais*, mais je n’y étais pas moi-même à l’époque. La réception du Nouvel An était une bonne occasion d’aller à Paris pour faire connaissance. Cela a été une belle journée !
*L’exposition » À propos – pandémie : l’impact sur l’art et l’artiste » organisée par l’AN en juin – juillet 2021. (AN)
Victor, vous êtes déjà un visage familier de l’Atelier Néerlandais.
V : Oui, tout à fait.
E : Victor était membre de l’AN avant même de rejoindre le Studio AENEAE.
V : En 2017, j’ai pu installer mon atelier en tant qu’artiste résident à l’AN à plusieurs reprises. La dernière fois, c’était en 2018 et j’ai alors également exposé les œuvres que j’y ai réalisées. Initialement destinée à un petit groupe de personnes, l’exposition s’est rapidement transformée en un événement plus important. Un reportage de cette exposition a été réalisé par le duo de photographes KLUNDERBIE (Wiglius de Bie et Nienke Klunder), qui a ensuite été publié dans le magazine WOTH. C’est là que tout a commencé pour moi.
Erna et moi avons commencé à travailler ensemble pendant la pandémie de Covid . Ajourd’hui, nous sommes également membres de l’AN avec le Studio AENEAE. Si vous aspirez à quelque chose en France et à Paris en particulier, c’est un privilège d’être un membre de l’AN et d’avoir ainsi une plateforme de présentation et base à Paris.
Qu’attendez-vous au juste de la France et de Paris ?
V : Nous sommes en train de redéfinir nos objectifs et nos activités. Le monde a beaucoup changé en peu de temps. Pour nous, cela signifie qu’il faut sortir des anciennes structures et envisager de nouvelles façons de travailler et de présenter notre travail.
E : Lors de l’exposition « À propos – pandémie » à l’AN, le monde a semblé s’ouvrir à nouveau et nous avons immédiatement eu un moment de présentation de notre travail, ce qui était très agréable. Comme je n’étais pas là moi-même, je n’ai vu que les photos, mais cela faisait du bien de pouvoir à nouveau avoir ce contact avec les visiteurs.
V : Notre présentation avait quelque chose de très archaïque. Nous avons représenté notre famille pendant le confinement, à travers des figures abstraites en bois, qui servaient en même temps de « blocs de construction » pour toutes sortes de meubles et d’objets.
E : La combinaison du noir, du blanc et de l’or des figures s’intègrait parfaitement dans les espaces de l’AN.
V : Le noir et le blanc, en référence aux costumes de prisonniers, avec un accent doré ici et là qui symbolisait la lumière au bout du tunnel en apparence sans fin de la crise Covid.
E : Initialement prévue comme une collaboration ponctuelle, la pandémie nous a rapprochés et nous travaillons désormais plus souvent ensemble, comme frère et sœur.
Nous gardons la Dutch Design Week à Eindhoven et le Salone del Mobile à Milan comme points de repère pour présenter de nouveaux travaux. Cela nous démange toujours de faire quelque chose quelque part, mais en réalité nous sommes déjà bien occupés rien qu’avec ces deux salons. Nous voulons maintenant voir comment nous pouvons aller plus loin. L’AN peut certainement jouer un rôle intéressant à cet égard.
V : Nous sommes en transition, pour ainsi dire.
Avez-vous des projets sur lesquels vous travaillez et auxquels nous pouvons nous attendre dans un avenir proche ?
E : Nous travaillons actuellement sur une collection de bijoux.
V : Nous avons commencé avec les bijoux après notre dernière présentation à Eindhoven. Nous avions alors conçu un lustre avec le concept du bracelet à breloques.
E : Les lustres que nous avons conçus peuvent être habillés avec toutes sortes d’accessoires.
La lampe peut être personnalisée en ajoutant des accessoires faits main pour s’adapter à toutes les occasions. En accrochant, en serrant et en tordant divers pendentifs faits main à la base de la lampe, son apparence peut être constamment modifiée.
V : Certaines de ces pièces peuvent être traduites à l’identique en boucles d’oreilles, par exemple. C’est ainsi que l’idée d’une collection de bijoux est née naturellement.
Vous avez beaucoup de compétences. Comment puis-je décrire au mieux votre travail ?
V : Nous sommes des designers et nous nous considérons comme des artistes en arts appliqués. Nous fabriquons des meubles, des pièces d’intérieur et maintenant des bijoux.
E : En fait, tout notre travail relève des arts appliqués. Je suis moi-même passé aux arts appliqués pendant la pandémie. Toutes les commandes d’art ont alors disparues comme neige au soleil. Ce qui restait, et ce à quoi les gens prêtaient beaucoup d’attention, c’était leur décoration d’intérieur. J’ai de l’expérience dans les arts appliqués, alors j’ai repris cette activité et ai commencé à fabriquer des meubles et des accessoires pour la maison.
V : C’est aussi très agréable de pouvoir fabriquer ce dont on a besoin soi-même. Personnellement, je veux le moins d’objets possible, mais les objets qui sont là peuvent être célébrés. C’est tout simplement amusant de pouvoir imaginer quelque chose tous les deux, puis de le réaliser ensemble.
E : Lorsque nous nous asseyons ensemble avec un plan, les options défilent et il faut alors faire des choix. C’est arrivé avec ‘un de nos clients, par exemple, qui nous avait commandé un lit d’enfant. Finalement, nous avons aussi imaginé un tapis, une table de chevet, etc.
V : Et c’est pareil avec la lampe dont ont découlés des bijoux.
Je peux bien imaginer cela. Lorsque vous travaillez ensemble, les idées sont encore plus nombreuses. Qu’est-ce qui vous guide en fin de compte ?
V : Nous avons une idée de ce qu’est AENEAE. Nous avons tous deux notre propre travail, mais nous savons toujours infailliblement si quelque chose est une idée d’AENEAE ou une idée personnelle.
Pouvez-vous décrire ce qu’est une idée AENEAE ?
V : Une idée AENEAE est une idée qui ne peut pas être réalisée ou justifiée sans l’autre.
E : Par exemple, dans mon style personnel, les éléments figuratifs sont interdits. J’avais également banni les sphères ou les cercles de mon travail. Maintenant, avec AENEAE, c’est à nouveau possible.
V : Nous pouvons nous inspirer de nos portefeuilles respectifs. Comme un styliste qui va travailler pour une autre maison de couture et qui s’inspire des archives de la maison de couture en question, puis y ajoute des choses de lui-même. Je peux maintenant jouer avec les formes d’Erna en toute impunité et vice versa.
Ce que j’aime chez AENEAE, c’est qu’on a l’impression qu’il s’agit d’un seul et même créateur, donc que les modèles proviennent de la même source. Il est en fait impensable que quelqu’un comme Erna et moi puissions créer quelque chose ensemble, car nous sommes totalement différentes. Mais comme nous nous connaissons très bien, nous sommes très tolérants l’un envers l’autre. Erna est très structurée et moi, en revanche, je suis plus volatile.
Je considère que cette collaboration en apparence impossible est notre force et qu’elle peut être décrite comme la découverte d’une perle dans une huître. C’est très rare et nous y tenons.
Je suis très curieuse de voir à quoi ressembleront vos nouvelles œuvres. Comment voyez-vous l’avenir de l’AENEAE par rapport à l’AN ?
V : Il y a toujours une abondance d’idées, et pour que cela reste gérable, nous devons faire des choix dans ce que nous mettons réellement en œuvre. Ici, nous restons très proches de nos propres besoins.
Nous nous concentrons sur le développement de nouveaux concepts et la réalisation de prototypes. Ensuite, il est important de trouver des parties qui peuvent et veulent nous aider à aller plus loin. Nous voyons certainement des opportunités pour cela à travers l’AN.
E : Nous aimerions vraiment venir à l’AN avec AENEAE bientôt, pour faire un tour d’horizon des potentielles collaborations avec des parties françaises et utiliser les diverses installations et le soutien offerts par l’AN. Et pour le plaisir, bien sûr !
Nous nous en réjouissons, vous êtes toujours les bienvenus !