Dans le cadre de la rubrique « Spotlight On : », nous interviewons périodiquement un membre de l’Atelier Néerlandais. Cette fois-ci, nous nous entretenons avec Elina Lans à l’Atelier, où elle a tenu son showroom avec sa marque de bijoux éponyme dans le cadre de la semaine de la mode à Paris. Elina est une joaillière de troisième génération dont le travail met l’accent sur la durabilité et le minimalisme. Nous lui avons posé quelques questions.
Bonjour Elina, je te félicite avec votre showroom, il me semble que tu l’as décoré avec beaucoup de soin.
Merci, je voulais que mes joyaux s’intègrent bien ici, alors j’ai fait quelques recherches au préalable. L’Atelier Néerlandais est magnifique et a sa propre histoire, que j’ai voulu mettre en valeur en y ajoutant quelques éléments.
C’est un plaisir de t’accueillir ici. Que représente ta marque Elínalans ?
Lorsque j’ai créé ma marque, j’étais avocat. J’ai eu une carrière juridique de neuf ans. Après le décès de mon arrière-grand-mère, qui était elle-même une joaillière de la deuxième génération, elle m’a laissé ses vieux outils de joaillerie. Je suis allée dans un petit atelier à Amsterdam et j’ai commencé à apprendre le métier tout en restant avocate. Je me suis promis que si les choses se passaient bien, je quitterais le cabinet d’avocats et créerais ma propre entreprise. C’est ce qui s’est passé et je me suis lancée naturellement. Le fait de donner mon nom à l’entreprise lui confère une signification supplémentaire, car c’est moi qui, en fin de compte, fabrique les joyaux, de mes propres mains. ElínaLans est donc tout ce que vous obtenez, c’est aussi simple que cela.
Ce que je représente avec mon entreprise…. L’industrie de la joaillerie, comme celle de la mode, est confrontée à des problèmes sociaux et de durabilité, comme les diamants provenant de zones de conflit. Il est important de ne pas contribuer à ces problèmes. Je m’attaque à ce problème en recyclant. Tout ce que vous voyez dans cette salle d’exposition a été recyclé. L’argent, l’or, les diamants et autres pierres précieuses ne perdent jamais leur valeur et, en tant que médium et artiste, vous pouvez les réutiliser à l’infini, contrairement à un tissu. Le métal pardonne tout, on peut le fondre et recommencer. C’est pourquoi, avant d’acheter de nouveaux joyaux, je conseille toujours aux gens de regarder dans leurs réserves. Peut-être ont-ils d’anciennes pièces, ou des pièces qui ne correspondent plus à leur style. Ces joyaux peuvent être remodelés. Je propose d’ailleurs ce service.
Qu’est-ce qui vous a fait tomber amoureuse des joyaux?
Tout d’abord, la poussée de mon arrière-grand-mère, mais le travail des métaux est également très fascinant, en raison de leurs propriétés naturelles. Les métaux comme l’or et l’argent sont précieux et nous survivront tous, mais en même temps ils ont cette fluidité, on peut les fondre et les manipuler. Ce que j’aime le plus dans les joyaux, c’est la possibilité de les réutiliser.
Qu’est-ce qui vous amène, vous et vos joyaux, à Paris cette semaine ?
C’est la semaine de la mode, bien sûr, mais Paris n’était pas un lieu inconnu pour moi puisque j’ai commencé à travailler dans la joaillerie à Paris, à l’école Van Cleef & Arpels. C’est là que j’ai fait mes études et je connais donc assez bien le monde de la joaillerie ici. Il est important pour moi de me présenter en tant que marque néerlandaise pendant la semaine de la mode, car c’est une ouverture sur le monde entier. C’est formidable d’être à Paris pendant ces journées, de voir et d’entendre les réactions des gens, de rencontrer des personnes du monde entier, de voir qui est nouveau et ce qui se passe…. Je pense qu’il s’agit d’une plateforme de networking, non seulement pour rencontrer de (nouveaux) clients, mais aussi pour rencontrer d’autres joailliers et d’autres créateurs.
Comment avez-vous atterri à l’Atelier Néerlandais ?
L’un de mes clients m’a parlé de votre plateforme après que j’ai tenu mon premier showroom au Palais Royal l’année dernière. Après avoir fait quelques recherches sur l’AN, j’ai été enthousiasmée. Je pense qu’il s’agit d’une initiative formidable et lorsque j’ai été acceptée en tant que membre, j’ai fêté l’événement , j’ai eu l’impression de franchir une étape importante.
Je suis arrivée aux Pays-Bas en tant qu’expatriée il y a dix ans et, bien que je sois désormais néerlandaise maintenant, je suis toujours considérée comme une expatriée par les Néerlandais de souche. Car je suis née dans l’ancienne union soviétique et je ne suis pas dans mon pays d’origine. Il est important, d’un point de vue émotionnel, d’être reconnue. Cela signifie beaucoup d’être ici en tant que Néerlandais et ici à Paris, dans les murs de l’Atelier, j’ai l’impression de faire déjà partie de la communauté. Lorsque j’invite des gens dans mon showroom, les clients sont heureux pour moi et aussi de voir l’Atelier. Je suis fière de présenter le magnifique espace que vous possédez.
Que pouvons-nous attendre de vous dans un avenir proche ?
J’ai hâte de développer ma marque de manière organique ; mon réseau, ma visibilité et la notoriété de ma marque. J’espère que des personnes partageant les mêmes idées me trouveront, des personnes qui pensent également à la durabilité dans la joaillerie, car c’est vraiment le cœur de ma marque, en plus de ses créations.
Je suis particulièrement enthousiaste pour cette année car je viens d’être acceptée au sein des WEP (Women Empowerment Principles, ndlr), l’initiative des Nations unies en faveur des femmes. Seules 80 entreprises aux Pays-Bas ont signé ce mémorandum pour soutenir les principes d’égalité des sexes, entre autres. Je me réjouis également de rejoindre cette année la Watch and Jewellery Initiative 2030, une initiative de Cartier et Kering en faveur du développement durable.
J’espère revenir bientôt à Paris, qui m’apporte une richesse et une visibilité surprenante. Mes clients d’Amsterdam me demandent déjà quand je reviendrai, car la collection que je présente ici n’a pas encore été exposée à Amsterdam. Ce serait également formidable d’organiser une exposition collective pour les joailliers néerlandais à Paris… Peut-être dans les nouveaux locaux ?