Du 11 novembre au 20 novembre, l’exposition Earthlings de FOTODOK sera présentée à l’Atelier Néerlandais, dans le cadre de Paris Photo. Nous nous sommes entretenus avec Jenny Smets, conservateur de l’exposition.
Jenny, quel genre d’exposition verrons-nous ?
L’exposition s’intitule « Earthlings », un mot qui, selon moi, a une douce connotation. Il s’agit des habitants de la terre. Les neuf créateurs sont bien sûr aussi des terriens, qui se soucient de la planète sur laquelle ils vivent. C’est aussi le lien entre leurs travaux.
Le point commun de l’exposition est que tous ces artistes émergents réalisent des œuvres qui traitent de thèmes urgents de notre société. Dans Earthlings, il est question de la façon dont nous traitons notre planète, de la façon dont nous partageons l’espace limité sur cette terre. Quelle place occupons-nous dans l’écosystème, et dans quelle mesure avons-nous le contrôle sur notre environnement ?
Qu’entendez-vous par là concrètement ?
Laissez-moi vous donner un exemple tiré de l’exposition. Eline Benjamin a réalisé une œuvre d’art sur notre comportement de consommation. En ce qui concerne les images, elles sont abstraites, mais elles traitent de quelque chose de très reconnaissable. Elle avait pris un avion, et pour compenser le co2 de ce vol, un arbre a été planté en son nom, par un programme de compensation du co2.
Par la suite, elle était curieuse de savoir où exactement cet arbre serait planté. Il s’est avéré que c’était à Embobut, en Afrique de l’Est. Elle a décidé d’aller dans la forêt, pour voir ce qui était arrivé à son arbre. Elle y a découvert quelque chose de très étrange, à savoir que l’endroit où la forêt a été plantée appartient à la population locale, qui est en conflit avec l’entreprise qui a planté les arbres pour compenser le CO2. La population locale y est dépossédée et chassée. Avec son œuvre, elle montre que nos bonnes intentions ont aussi des conséquences négatives pour les autres.
Je pense que c’est aussi une belle caractéristique de la jeune génération d’artistes, qui travaillent à très petite échelle. Et ils s’intéressent vraiment à la création d’une histoire avec les personnes qu’ils photographient, plutôt qu’à la création d’une histoire sur leur sujet ».
Vous avez qualifié les artistes de visionnaires, qu’entendez-vous par là ?
‘J’ai appelé ces artistes des visionnaires parce qu’ils travaillaient déjà sur leurs sujets avant la pandémie. Pendant la pandémie, leur urgence est devenue évidente. L’une d’entre elles est la relation avec la nature, avec la planète dans son ensemble. Comment contrôler le changement climatique ? Comment vivre les uns avec les autres dans l’espace limité qui nous est donné ? La pandémie a rendu ces questions encore plus importantes. Je remarque également que les artistes qui y participent (et qui viennent de quitter l’académie d’art) sont très impliqués socialement.’
Quand l’exposition est-elle un succès ?
‘Si le plus grand nombre possible de personnes viennent, c’est bien sûr formidable. Mais pour les artistes, il est également très important que des professionnels de la photographie viennent. Il est très instructif pour les jeunes photographes d’entrer en dialogue avec des noms établis, et important de se constituer un réseau.’