Spotlight’s on : NOOR

Pour la rubrique ‘Spotlight’s on’ l’Atelier Néerlandais interviewe chaque mois un membre de l’AN. Ce mois-ci : Stefano Carini, directeur créatif du collectif de photographes NOOR. Leur exposition « Ripples », qui traite des histoires liées à l’eau, est présentée à l’Atelier Néerlandais du 10 au 14 novembre. Nous avons parlé à Stefano le jour de l’ouverture.

photo by Kadir van Loohuizen

Bonjour Stefano, qui êtes-vous et quel type de travail faites-vous ?

‘Je suis italien, j’ai 37 ans et depuis quinze ans je travaille avec des photojournalistes et des conteurs visuels. En fait, j’ai commencé ma « carrière » à NOOR en 2012, lorsque j’y suis resté après y avoir été stagiaire. Pendant une période, j’ai alors voyagé à travers le monde pour explorer la façon dont différentes cultures voient le monde à travers la photographie. En février dernier, j’ai rejoint NOOR en tant que directeur créatif. Je représente le collectif et son travail. J’imagine et j’offre des opportunités de travail et de formation et je développe la direction créative. Le monde du photojournalisme a tellement changé au cours des quinze dernières années qu’il faut réfléchir aux besoins du collectif lui-même et du public.’

Que fait NOOR ?

‘NOOR a été créé en 2007 par un petit groupe de photojournalistes professionnels qui étaient déçus par l’état du photojournalisme. Ils voulaient gérer leur propre travail et leurs finances et publier et vendre de la manière la plus éthique possible. Notre philosophie est de mettre en lumière les histoires qui doivent être racontées et qui ne sont pas montrées autrement. Nous documentons ce que nous pensons être des questions importantes de notre temps. Actuellement, et avant bien sûr beaucoup d’autres, ce sont la crise climatique et la violence patriarcale. Si nous racontons des histoires sur des problèmes, nous parlons en fin de compte d’êtres humains. Cela signifie que nous respectons toutes les personnes avec lesquelles nous travaillons. Nous permettons aux différentes perspectives d’émerger, même celles qui sont conflictuelles. Notre mission est de faciliter l’éducation des gens sur ces différentes perspectives, en particulier les personnes qui ont peu ou pas d’accès à l’éducation visuelle.’

Pouvez-vous m’en dire plus sur l’exposition actuelle « Ripples » ?

‘Le thème de l’exposition est l’eau. L’eau est la ressource la plus importante sur la planète. La vie est impossible sans elle. Nous sommes liés à elle et par elle. En tant qu’êtres humains, nous avons une relation particulière avec elle. Elle lie tous les aspects de la vie : notre évolution, notre survie, la migration, l’environnement, l’assainissement, la production.

Nous n’avons utilisé que des travaux déjà réalisés. Les photos proviennent de nos archives et d’expositions précédentes. Tous les matériaux sont soit réutilisés, soit recyclés. Par exemple, la structure en bois utilisée pour présenter les photos a été fabriquée à partir des restes de bois d’un chantier de construction. Nous voulons montrer qu’il est encore possible d’avoir un contenu de haute qualité sans produire chaque pièce en masse. Nous affirmons qu’une véritable durabilité est possible si nous communiquons mieux et collaborons davantage. L’exposition n’est, en fin de compte, qu’un contenant pour une discussion à développer. Nous voulons inciter les gens à réfléchir sur eux-mêmes et peut-être à apporter un petit changement dans la façon dont ils traitent les autres ou eux-mêmes.’

Comment le partenariat avec l’AN aide-t-il NOOR ?

‘L’AN est un lieu très intéressant. Il est situé dans un quartier très central de Paris. L’Atelier offre aux entreprises et aux personnes des Pays-Bas un espace sécurisé pour travailler et créer des réseaux. Un espace pour développer des idées et les mettre en pratique. Je le vois comme un terrain d’essai. Je pense que l’Atelier a toujours été d’un grand soutien dans tout ce que nous avons fait. Pour un collectif comme NOOR, il est important d’avoir de bons partenaires comme ceux-là à l’étranger. Rien ne peut être fait seul.

L’objectif est de faire en sorte que les « ondulations » voyagent et se répandent dans d’autres pays, ce qui n’aurait pas été possible sans l’aide de l’AN et de ses habitants.’