Spotlight’s on: Soizic Stokvis

Observation des étoiles en Inde, stupas en Birmanie, relation entre De Stijl et Bauhaus. En discutant avec l’artiste plasticien Soizic Stokvis, le monde défile et finalement tout se rassemble dans les concepts d’espace, de couleur et de forme. ‘Enfant, je m’émerveillais devant les illustrations de l’Encyclopédie Larousse. J’ai changé l’échelle, je les ai dessinés en grand.’ Vous pouvez visiter l’exposition « Urban Geo » de Soizic Stokvis à la Galerie Fernand Leger à Ivry-sur-Seine jusqu’au 26 mars.

Soizic Stokvis © Friso Wijnen

Le nom de Soizic Stokvis intrigue, d’où venez-vous ?

Mon père était néerlandais, ma mère vient de la France. Soizic est un prénom breton et signifie petite Françoise. Jusqu’à mes douze ans, nous avons vécu aux Pays-Bas, non loin de La Haye. Je chéris les souvenirs de cette époque, comme la liberté de circuler partout à vélo. L’autonomie et la responsabilité personnelle, en tant qu’enfant, je les ressentais fortement, des caractéristiques qui, je pense, sont typiquement néerlandaises. Tout comme le vent qui souffle dans le polder et l’idée d’espace et de lumière dans la peinture.

Après les Pays-Bas, où avez-vous grandi ?

D’abord en Suisse. J’ai fait mes études secondaires à Lausanne, puis une formation de traducteur à Genève. J’ai su très tôt que je voulais devenir un artiste, mais je ne savais pas exactement comment et j’y suis allée par des détours. J’avais envie de savoir comment le monde fonctionnait et je voulais apprendre des langues. Après une formation de traductrice, j’ai étudié les relations internationales à Sciences Po Paris. Puis vint le moment de vérité. J’ai postulé aux Beaux-arts et j’ai été admise. Depuis lors, l’art est mon langage, mon expression.

exposition Soizic Stokvis au GMoMA , Corée, Séoul, Ansan © DR

Votre travail est abstrait, presque typographique, a-t-il toujours été ainsi ?

Au début, je travaillais de manière figurative, mais peu à peu, j’ai été attiré par l’abstraction. Soizic rit. Cela doit être mes racines néerlandaises, la puissance du polder avec ses lignes verticales et horizontales. J’ai rapidement commencé à faire des peintures murales. Mes premières grandes commandes ont été pour une chapelle et un château en Bretagne, puis pour un musée à Séoul. Dans la capitale sud-coréenne, j’ai réalisé une série de peintures murales avec une équipe en cinq jours dans un espace de trente et un mètres de long et neuf mètres de haut. Un véritable défi. Malevich et le mysticisme du langage ont été mes sources d’inspiration. J’ai placé des signes dans un ordre dont on pouvait déduire qu’il s’agissait de phrases, mais que l’on ne pouvait pas comprendre. Quel est le sens de la langue ? Que sont les signes ? Comment les interpréter ? Des questions qui me fascinent énormément.

Cette fascination est-elle aussi le fil conducteur de votre exposition à Ivry sur Seine ?

Oui, dans un certain sens, c’est le cas. Il y a deux ans, j’ai déjà réalisé une peinture abstraite en noir, jaune, blanc et orange sur les piliers devant le bâtiment. Maintenant, j’ai travaillé à l’intérieur avec tout l’espace, avec les murs, la lumière, jusqu’à et y compris les bouches d’aération dans le mur. Des signes de couleur dans lesquels on peut disparaître et des objets en plastique qui pendent légèrement du mur et sur lesquels la lumière de la galerie joue son propre jeu. J’aime expérimenter avec l’échelle, faire gonfler quelque chose en grand ou, au contraire, le rendre très petit. Dans l’espace, la couleur et la forme, je raconte mon histoire sur l’environnement, sur le monde qui m’entoure.

© Soizic Stokvis

Verrons-nous bientôt une exposition ou une peinture murale de votre part à l’Atelier Néerlandais ?

Qui sait ? J’aime rencontrer des personnes ayant des intérêts et des antécédents différents. Je me sens néerlandais, mais aussi français et suisse. Cette rencontre des cultures, c’est aussi ce que je trouve à l’Atelier Néerlandais. Cela devrait être normal, mais en pratique, c’est assez extra-ordinaire.

Exposition « Urban Geo » de Soizic Stokvis, à voir jusqu’au 26 mars à la Galerie Fernand Léger, 93 avenue Georges Gosnat, 94200 Ivry-sur-Seine, entrée libre, du mardi au samedi de 14h00 à 19h00. Métro : Mairie d’Ivry, ligne 7.